Tumulus

Voyage en pays « bordure »

J’ai marché vers l’Est.

Par la grâce d’un poète voyageur qui m’a emmenée dans ses valises, j’ai marché dans les rues de Chisinău en Moldavie.

J’ai rencontré des arbres magnifiques, la fracture des corps errant dans une architecture entre deux mondes, l’austérité de l’histoire, le piment de la sève racinaire, la cuirasse des regards, l’hospitalité simple, l’affable au cœur des pupilles,la béance de la carpe, l’éclat de la rose sur les étoffes, dans la grenade, la douce amertume du cédrat, une jeunesse volontaire et divisée suspendue dans les griffes de son smart-faune.

A errer là, au bord d’un cratère électoral tangible, à l’heure où les ciels retournent la terre, la folie enlise les fronts, les boues sortent du lit, et brûle l’Amazonie, j’ai regardé danser l’automne, le crépuscule des oiseaux sur le lac, le chant des prières dans la cathédrale.

Par la grâce d’un poète voyageur, j’ai foulé le pavé de Chisinău en Moldavie.

Avec le violon de Marco, la guitare d’Armelle, le tambour de Benjamin et les objets parlants de Constantin, la vigne folle de Philippe, le micro-vaste d’Igor, l’esthétique éclectique de Pascal.

Par la grâce d’un poète voyageur j’ai dansé sur la brèche d’un chemin de poésie.

Puis je suis revenue vers l’Ouest, au bord du continent, et trouvé là la brume sur l’océan.
En face l’Amérique au Nord que j’ai foulée il y a 30 ans.
J’attends je veille –
La lueur d’un printemps en hivernage